Le patron de Pfizer Albert Bourla a une nouvelle fois refusé de rencontrer les députés européens de la Commission spéciale sur la Covid pour s’expliquer sur les contrats d’achats des vaccins pendant la pandémie.

Nouvel échec pour les députés européens de la Commission COVI : Albert Bourla, PDG du laboratoire pharmaceutique Pfizer, esquive encore leur invitation, a annoncé la présidente de la Commission, l’eurodéputée belge Kathleen Van Brempt, dans un tweet publié lundi 5 décembre.

Déjà, en octobre dernier, il leur avait fait faux bond.

« Depuis l’audience d’octobre, nous n’avons pas d’autres informations à partager avec la commission, nous déclinons donc respectueusement l’invitation à revenir sur ces questions », a écrit M. Bourla dans une lettre envoyée aux eurodéputés, vue par EURACTIV.

Pour rappel, M. Bourla est attendu au Parlement européen pour répondre aux interrogations, nombreuses, des eurodéputés concernant les contrats d’achat des vaccins Pfizer contre la Covid-19.

« En tant que président du comité, je regrette profondément le refus du Dr Bourla. L’UE a dépensé beaucoup de ressources publiques pour la production et l’achat de vaccins », a écrit Mme Van Brempt dans sur Twitter.



Pendant la pandémie, l’UE a procédé à l’achat groupé de vaccins venant de plusieurs laboratoires pharmaceutiques, dont Pfizer/BioNTech, pour livrer au plus vite les Etats membres. Problème, si les contrats Pfizer sont disponibles, ils sont caviardés et donc illisibles.

« Le PE [Parlement européen, NDLR] a le droit d’obtenir une transparence totale sur les modalités de ces dépenses et les négociations préliminaires qui y ont conduit », a poursuivi Mme Van Brempt.

Des soupçons pèsent également sur un contrat de 1,8 milliard de doses de vaccin Covid-19 qui aurait été négocié directement par SMS entre la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et Albert Bourla.

Le 14 octobre dernier, le parquet européen (EPPO) s’est saisi de l’affaire en raison de « l’intérêt extrêmement élevé du public (pour cette affaire) ».

« L’échec de la Commission de l’UE et de Pfizer à remédier au manque de transparence témoigne d’un mépris du rôle du Parlement européen », selon Mme Van Brempt.

Une première visite déjà annulée

Ce n’est pas la première fois que le patron de Pfizer décline l’invitation des députés européens. Le 10 octobre dernier, en Commission COVI, les parlementaires avaient auditionné plusieurs laboratoires pharmaceutiques, dont Pfizer, sur leur rôle dans la gestion de la pandémie.

M. Bourla devait venir en personne au Parlement européen pour répondre aux questions des députés, mais il avait annulé sa venue au dernier moment, sans donner d’explications.

« Je pense qu’il n’est volontairement pas venu, car il n’avait pas envie d’affronter les polémiques », avait confié à EURACTIV l’eurodéputée française, et membre de COVI, Véronique Trillet-Lenoir.

Albert Bourla avait été remplacé par Janine Small, présidente des marchés internationaux développés chez Pfizer. Elle s’était dite « désolée » de l’absence de son PDG, et avait assuré qu’elle était la « mieux placée » pour répondre à leurs interrogations.

Mais entre Pfizer, la Commission et les eurodéputés, le bras de fer continue.

« Notre commission continuera à soulever cette préoccupation et à prendre les mesures nécessaires pour garantir une transparence totale au public », a garanti dans son tweet la présidente de la commission COVI.

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